Ce billet devrait être court... Ou pas.
Il est nécessaire à la lecture d'un commentaire (anonyme).
La question qui sous-tend ce commentaire est "peut-on rire de tout?"
J'y lis aussi, en filigrane: "As-tu besoin de te moquer de tes élèves?"
A la première question je réponds par la célèbre formule: oui, mais pas avec tout le monde.
Je m'explique.
Comme toi, toi et toi aussi, je connais, et je ris de certaines blagues.
Mais je me méfie terriblement de ces blagues qui peuvent, sous couvert de rire, servir de vecteur à un racisme larvé.
La même plaisanterie, selon par qui elle sera racontée pourra me faire rire ou me faire réfléchir.
Je suppose que tu comprends ce que je veux dire.
Ai-je besoin de me moquer de mes élèves?
Cette question je la lis quand le commentaire cité affirme que, dans mon métier, le rire est souvent libérateur.
Reprenons le contexte, et affinons la réflexion:
Je raconte des anecdotes dont le héros, malgré lui, est un élève de 3ème.
Je t'accorde lectrice, que les mêmes événements vécus par un petit 6ème, n'auraient rien de drôles.
En effet, le changement entre le CM2 et la 6ème est une vraie révolution pour ces jeunes. Et si on parle de fossé à cette étape ce n'est pas juste une formule.
Nous avons beau tenter de tisser des liens entre les deux classes, quand l'enfant arrive au collège, tout change et tout peut le perturber.
Je ne vais pas ici faire la liste des changements car sans doute les connais-tu.
Voila pourquoi, si j'avais trouvé un 6ème errant dans les couloirs, je l'aurais gentiment aidé et, si je l'avais raconté ici, le ton aurait été différent.
En 3ème, même quand on change de collège, les grandes lignes sont connues et la récréation n'est pas une nouveauté.
Si tu me relis, sans a priori, tu verras que je n'ai pas été moins gentille avec Monboulet. Sans doute ai-je marqué plus de surprise, mais je l'ai aidé à regagner la cour, sans plus.
Mon commentaire, lui, a été plus ironique.
Pour autant me suis-je montrée méchante?
Sincèrement?
Je ne le crois pas.
J'ai été amusée par les réponses du jeune homme et je t'en ai fait profité.
Sans méchanceté.
Si je reprends encore mon billet je t'ai relaté la leçon avec cette réponse sur les déterminants administratifs.
Bien sûr que c'est une bévue!
Evidemment que ça n'a rien de grave!
Mais reconnais que la réponse est drôle, non?
Ça s'appelle une perle d'élève, non?
Où peut-on lire de la méchanceté dans ce récit?
Enfin, pour ce qui est des photocopies de documents administratifs, toi, je ne sais pas, mais moi, ça me semble tout bonnement étrange.
Quand je fais des doubles, si c'est par peur de les égarer, je ne les range pas au même endroit!
Donc, encore une fois, je relate un fait.
Et je relate aussi mes interrogations quant à la manière de faire.
Bien sûr que tout cela, mis bout à bout m'a fait rire.
Mais ça ne comporte pas plus de méchanceté que de raconter les "maîtreeeeeessse!" de mes 6èmes!
Pour conclure je dirai que certes, je ne suis pas toujours tendre avec mes élèves c'est bien connu.
Je dirai aussi que je n'ai jamais la certitude que ce qui m'amuse te fera rire.
J'ajouterai que j'essaie toujours (ou presque) de garder un ton léger, quoi qu'il arrive.
Et enfin, je terminerai en t'accordant le droit de ne pas rire de tout ce que j'écris (parce que tout est loin d'être drôle et que ce qui me fait rire n'est pas obligatoirement ce qui te fait rire).
Mais de grâce! Avant de plaindre ce pauvre enfant relis-moi bien.
Et relis d'anciens billets.
Tu verras que quand je veux vraiment être méchante, le ton est bien différent.
Ou alors peut-être tu es excessivement sensible?
7 commentaires:
Pour diverses raisons je ne sors pas de l'anonymat, j'ai cependant essayé de t'envoyer un mail, pas réussi.
Mon commentaire ne valait pas un billet entier... tu as raison, je dois être trop sensible, le vilain petit canard m'a toujours fait pleurer !
J'attendrais donc avec impatience les nouvelles aventures de Monboulet !
Mais au moins comprends-tu que je ne veux en aucun cas être méchante avec lui? Parce que c'est tout l'enjeu de ce billet!
Je te trouve bien gentille en revanche, de consacrer un billet à une telle explication.
Je ne vois chez toi aucune (mais alors, vraiment, aucune) méchanceté.
Et pour finir, ici, c'est chez toi donc tu as ce droit là de nous faire partager les perles de ces enfants.
Merci
Carry, moi je trouve ça bien que MamyS ne rompe pas le dialogue d'un "chuis chez moi je fais ce que je veux".
MamyS, sans être vraiment "choquée", je dois reconnaître que j'ai ressenti un petit malaise en lisant ton dernier billet, parce qu'il m'a fait penser à un passage du bouquin de Pennac, le Journal d'un cancre, au sujet des réponses absurdes. L'as-tu lu ? Si non, je vais essayer de trouver le passage et de te l'envoyer.
Je ne te soupçonne pas de rire méchamment, mais ce que je lisais me faisait penser que ce gamin était en détresse, du coup je n'avais pas, moi, envie de rire. Mais après tout je ne sais de lui que ce que tu en écris, je suis probablement à côté de la plaque.
Ce serait trop facile de couper court brutalement alors que le com a été écrit de manière tout a fait courtoise.
Cependant je continue à m'interroger: quelle différence entre ce récit et celui concernant les 6èmes?
dans les deux cas il s'agit de rire ou sourire à propos de choses sans grande importance.
De plus, je constate que depuis contrairement à ce que je croyais, il n'y a rien eu à raconter....
En ce qui me concerne... Justement pour ce que tu dis, qu'un sixième qui réagit comme ça c'est en fin de compte normal, même si de nos yeux d'adulte c'est drôle. Par contre, un troisième, ça me pose plus question. Tu l'as lu ou pas, Chagrin d'école ?
Merci Anna de m'éclairer.
Non je n'ai pas lu le roman dont tu parles. mais je comprends mieux car en ce qui me concerne, c'est juste l'inverse: les petits me font mal au coeur car ils sont facilement désorientés et désespérés. Les grands sont sensés avoir bien moins de difficultés. (Pour faire court). Mais sans doute y reviendrai-je car vraiment ça m'interroge!
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