Ce matin je vais te raconter une histoire.
Pas une belle histoire pour te faire rêver.
Pas une drôle d'histoire pour te faire rire.
Une histoire de l'éducation nationale.
(Ah! Tu vois! Tu ne ris pas et tu ne te mets pas à rêver!)Il était une fois
(ça commence toujours comme ça une histoire, tous les élèves de 6ème te le diront!), une prof de lettres modernes
(si tu sais toujours pas la différence avec une prof de français, c'est que tu viens d'arriver sur ce blog.) qui avait été nommée remplaçante parce qu'elle avait été mutée tardivement.
Après avoir remplacé dans un collège à Reviens-y, on lui demanda de remplacer au collège de Crapule et à celui de Yssongivrés.
A Crapule tout se passait bien. A Yssongivrés, c'était un peu différent.
Or il advint qu'un mauvais génie lança une malédiction sur l'infortunée remplaçante qui se retrouva toute tordue et bloquée.
Pendant trois semaines, elle chercha la potion magique qui la libèrerai de cette sorcellerie.
Pendant ce temps une remplaçante la remplaçait mais seulement à Yssongivrés.
Curieusement, alors que la remplaçante en titre, et celle qui l'avait précédée, devait se partager entre les deux collèges
(et un lycée), la nouvelle remplaçante ne remplaçait que là. Le rectorat avait jugé, paraît-il, que la situation n'était pas acceptable!
Quand enfin elle retrouva sa liberté de mouvement, elle s'empressa de retourner à ses emplois.
A Yssongivrés, ses élèves lui apprirent inopinément, que, pendant son absence, son emploi du temps avait été changé pour complaire à sa remplaçante.
Désormais, lui dirent-ils, ils n'avaient plus cours avec elle le mercredi matin en fin de matinée, mais le jeudi en deuxième heure de l'après-midi.
"Horreur! Malheur! songea la remplaçante, c'est impossible! A la même heure, ajouta-t-elle, j'ai cours à Crapule..."
Quand l'heure prit fin, elle tenta de rencontrer le Grand Maître Bertoufou ou son acolyte Taifélé.
Aucun n'était dans son bureau.
Après de longues recherches, elle les trouva sur l'aire de triage.
Après avoir salué correctement Bertoufou, elle lui expliqua le problème.
Bertoufou fit semblant de lui répondre en grommelant qu'il ne savait pas.
Taifélé, interrogé à son tour montra la même ignorance.
Les deux, en coeur, envoyèrent la remplaçante voir ailleurs s'ils y étaient, parce que là, tout de suite, ils avaient mieux à faire.
Un peu nerveuse, la remplaçante se dirigea vers le secrétariat du Grand Maître.
La pauvre secrétaire n'en pouvait mais.
Après quelques pourparlers, elle accepta de noter la question de la remplaçante.
Question qui aurait pu se résumer à "C'est quoi ce merdier?" si la remplaçante n'avait pas reçu une éducation stricte concernant la politesse.
De retour chez elle, elle appela sa remplaçante afin de comprendre pourquoi il y avait eu un changement d'emploi du temps.
La remplaçante-bis lui répondit que non, elle n'avait rien demandé, qu'elle avait pris un emploi du temps qu'on lui avait présenté comme étant celui qui était en place avant l'arrivée de la remplaçante en titre. Lequel emploi du temps, lui avait-on expliqué, avait été changé à la demande de ladite remplaçante en titre.
Evidemment, ceci s'avérait être un mensonge éhonté puisque la remplaçante, comme son titre l'indiquait, remplaçait quelqu'un qui avait, avant elle, l'honneur et l'avantage de se partager déjà entre Crapule et Yssongivrés.
Mon histoire n'a pas de fin pour le moment.
Je sais juste que la remplaçante attend un coup de fil du collège d'Yssongivrés pour l'éclairer. Je sais aussi que si elle n'a pas ce coup de fil, ou si son emploi du temps est maintenu en l'état, ne pouvant être dans deux lieux à la fois, elle ne se rendra pas à Yssongivrés jeudi.
En revanche, elle envisage sérieusement de demander un rendez-vous au recteur en personne pour exposer une situation qu'elle juge particulièrement désagréable.
En outre elle envisage sérieusement de se faire greffer une paire d'attributs masculins car se faire casser les pieds n'est plus suffisant dans son cas.
Elle t'énerve mon histoire?....
Imagine un peu l'effet qu'elle a sur moi!
