Avec la plupart des classes et une majorité d'élèves, tout va bien.
Ils ne sont pas forcément géniaux en français, mais au moins, je sais à quoi je sers.
On peut même en avoir un, de temps en temps, qui est brillant.
Cette année j'en ai une.
Et tu vois, si je n'avais que ces enfants-là en cours, les moyens, les pas bons ou les géniaux, je n'aurais rien à te raconter.
Pour mon malheur il y a toujours un Kévin-Dylan-Ryan-Jonathan......
(Un jour je ferai un billet sur la malédiction du prénom.)
Et pour que le malheur soit complet, dans la même classe j'en ai trois...
Parmi eux, un est le plus pénible de tous.
Et quand je dis de tous, je veux dire de tous les élèves que j'ai eu devant moi en seize ans!!
Pôv'Loulou est choyé par sa maman, adoré, bichonné, couvé....
Il n'a jamais tort, a toujours une bonne excuse et s'il n'en a pas, c'est...
C'est?.....................
Parce que nous, les profs, on ne l'aime pas!
Elle est marrante la maman!
Comment tu veux aimer un gamin qui ne répond qu'avec insolence?
exemple: Si j'ai pas appris cette leçon c'est parce qu'elle sert à rien! (C'était sans doute le cas pour la leçon sur la négation!)
Comment tu veux aimer un élève qui n'a jamais ses affaires?
exemple: c'est pas de ma faute si je l'ai oublié chez moi!
autre exemple: c'est pas de ma faute si ma mère n'a pas acheté de cahier de brouillon.
(Ben non! C'est de la mienne! réponse la plus courante de ma part!)
Comment tu veux aimer un môme qui ne lève la main que pour perturber le cours?
exemple: (on est en grammaire et il faut transformer les phrases à la voix active en voix passive)
Pôv'Loulou lève la main, tu es en droit de croire que c'est pour faire l'exercice, mais non! "y aura un contrôle vendredi?" ou "C'est grave si j'écris en noir?" ou "Je serai absent mardi!"....
Comment tu veux aimer un garçon qui n'assume jamais ses actes?
exemple: "je ne parle pas, je réponds à X." ou " Je n'ai pas mon livre. C'est ma soeur qui l'a pris sur mon bureau." (X ouvre de grands yeux étonnés devant ce mensonge évident. je ne suis pas sûre que la petite soeur existe!)
Comment tu veux aimer un jeune homme qui n'apprend jamais ses leçons et ne fait jamais ses exercices?
Pas d'exemple ici, mais il faut lire le baratin de la mère, sur le carnet de correspondance, où elle explique pourquoi il n'a pas appris ou pas fait le travail!!! (le numéro de page était faux; le cahier est resté en classe; un rendez-vous urgent qui a duré longtemps; un repas de famille un soir de semaine...)
Ça me soûle!! Mais avec une force cet argument du "vous ne l' (m') aimez pas!"
Je pourrais répondre que:
Je ne suis pas payée pour les aimer!
J'ai passé un capes de lettres modernes, pas d'amour!
Je suis là pour enseigner, voire éduquer.
Mais ce serait trop simple et des esprits chagrins viendraient me faire ch... dans les coms.
Parce que ce n'est pas vrai.
Parce qu'il faut bien reconnaître qu'il y en a qu'on aime bien...
C'est vrai que quelques élèves sont sympathiques et que j'ai bien du plaisir à discuter avec eux.
C'est vrai que la petite qui est en difficulté me donne envie de l'aider.
(Avec un D, pas avec un M!!!!)
Je l'aime bien cette gamine avec ses airs d'avoir toujours peur de tout.
Je l'aime bien aussi le môme qui a commencé à reprendre confiance en lui parce que je lui ai laissé choisir le jour où il réciterait.
Globalement, ces gamins, je les aime bien.
Mais lui, non.
Je ne l'aime pas.
12 commentaires:
Je ne peux que te conseiller d'aller faire un tour chez Soph' du blog "les toujours ouvrables".
Elle aussi a un Kévin.
Ben non, c'est pas de ta faute si il est chiant, invivable et que tout adulte normalement constitué a envie de lui faire bouffer les mots de sa mère...(la violence c'est maaal mais des fois, c'est quand même vachement tentant...^^)
Mouahahahahah !!!
C'est tellement vrai.
Fille de prof, je comprends et je compatis.
Mère de 2 rejetons je jure de ne jamais critiquer les profs de mes enfants devant ma progéniture. Je ne suis pas toujours d'accord avec leurs décisions mais je n'interviendrai jamais. Sinon, que leur (vous) reste-t-il de crédibilité ensuite ?
Interviens! Mais en rencontrant le prof et en discutant vraiment!!!
@Karine: je vais y aller voir. D'avance, je la plains!
@la farfa: oui la violence c'est mal, mais l'envie de le décalquer sur le mur du fond me tente de plus en plus!
Comme je te comprend ! Globalement, j'aime bien tous mes élèves, j'ai plus d'affinités avec certains que d'autres, j'ai plus envie d'en aider certains que d'autres, j'essaie de les traiter tous équitablement, mais c'est vrai, des fois, il y en a UN qui te sors par les yeux... j'en ai un aussi, cette année, et la malédiction du prénom ne fonctionne pas avec lui, il s'appelle thomas...
courage, il va évoluer ? (ou pas)
Evoluer... On a le droit de l'espérer, mais je doute... Il faudrait que madame-mère le couve un peu moins et ça, c'est pas pour demain!!
Je trouve que tu as entièrement raison, tu n'es pas là pour les aimer! L'envie de les aider l'indulgence, tout ça c'est bonus. Et puis, zut, est ce qu'ils attendront de trouver un employeur qui les aime avant de signer un contrat de travail? Je suis prodigieusement agacée de ces parents zélés qui s'évertuent à supprimer toute contrariété à leur cher rejeton....
voilà comment on se retrouve avec une classe d'âge adulte mais immature, ne supportant ni les contraintes ni les obligations, et qui fait payer les autres pour leur (mauvais) caractère et leur inadaptation à la vie quotidienne.
Note que je comprends qu'à cet âge-là, on fonctionne encore beaucoup à l'affectif. Mon boulot c'est aussi de leur apprendre à se détacher de l'affectif et travailler pour soi.
y'a un copain de mon fils aîné qui aimerait bien "gagner ma confiance". Le problème, c'est que je ne l'aime pas. Je préfère celui qui est tout le temps puni même quand il ne fait rien de mal (si, il fait l'andouille et en prime, il prend plus qu'à son tour) (mais il y a aussi une malédiction de prénom chez celui que je préfère, sauf que c'est pire que de s'appeler Ryan, Dylan ou Djeyson, puisque son prénom à lui fait immanquablement ressurgir des images sombres -il se serait appelé Adolf dans les années 50, ça serait pareil)
Bref, on est humains, épicétou.
épicétou!
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