samedi 25 août 2012

La reine du film noir (1)

Quand j'étais petite, j'étais plutôt du genre sans peur (mais pas sans reproche!!)
Ma soeur aînée et mon frère avaient peur des chiens, pas moi, par exemple.
Je n'avais pas peur de l'orage, pas peur de partir en bateau avec mon père et les ostréïculteurs etc...

Les années passant, je ne sais pas ce qui s'est produit, ni à quel moment cela a eu lieu, mais j'ai commencé à avoir peur de tout et de plus en plus.

Maintenant, c'est pire que tout.
En fait, je n'ai pas forcément peur de quelque chose de réel, c'est plutôt un truc qui ne se produit pas, mais que j'attends et qui me flanque la trouille de ma vie.

Pour être plus claire, je suis du genre à m'inventer un scénario noir et catastrophique que même le meilleur scénariste de film d'épouvante n'imaginerait pas.
Pour illustrer mon propos, et te permettre au passage de te payer ma tête, je vais te donner deux exemples, vrais évidemment, qui ont eu lieu à de très longues années d'intervalle.
Pour ne pas alourdir ce billet, je ferai le second récit dans un autre billet, demain, sans doute.

Je n'avais pas trente ans et j'étais encore dans ma première vie.
J'étais la maman de trois enfants qui avaient à peu près 3 ans, 7ans et 12 ans.
J'habitais un duplex qui occupait le 3ème et le 4ème étage de l'immeuble et l'épisode que je vais narrer se situe à l'étage supérieur constitué d'un palier carré sur lequel s'ouvraient en vis-à-vis, à droite la chambre des filles et la chambre des parents, à gauche la chambre de mon fils et la salle de bains.
Cette salle de bains, et c'est important dans mon récit, était grande, comportait deux fenêtres mais pour y entrer il y avait comme un petit couloir, une sorte de sas de moins d'un mètre.
Tu visualises?

C'était l'été.
Je ne sais plus pourquoi la plus grande des filles n'était pas avec moi.
Mon fils venait de partir en colo.
Leur père était détaché dans un patelin de bord de mer.
J'étais donc seule avec ma petite dernière dans ce grand appartement.

Il fait nuit. Il est très tard.
Ma titounette a choisi de dormir dans le lit de son frère adoré.
Allongée, un livre à la main, je perçois un drôle de bruit qui vient d'en face, de la salle de bains.
C'est sans doute le robinet de la baignoire qui goutte et qui frôle à chaque fois la chaînette du bouchon de la bonde.
(Admire avec quel luxe de détails mon esprit fonctionne à 1 ou 2 heures du matin!)

Le bruit continue et presque malgré moi je commence à l'écouter plus attentivement.
Si c'était le robinet qui gouttait, le bruit serait régulier.
Or, ce n'est pas le cas.
Tchik...tchik... tchiktchiktchik.... tchiktchik..... tchiktchiktchiktchik....

Dans l'après-midi j'ai laissé une des fenêtres ouvertes.
Oui, c'est ça!
Un oiseau s'est introduit dans la pièce et maintenant, désorienté par la nuit, il sautille sur le sol plastifié...
(Que cet oiseau ait été invisible au moment du bain de la petite ou de ma douche, ça ne m'effleure pas une seconde!)

Tchik...tchik... tchiktchiktchik.... tchiktchik..... tchiktchiktchiktchik.... tchiktchik..... tchiktchiktchiktchik....
Ça se renforce, ça s'amplifie!

Mon coeur bondit de plus en plus fort dans ma poitrine.
Mon esprit tourne à plein régime.
Ce n'est pas un oiseau, non, ça fait trop de bruit!

C'est un renard!
Oui, j'en suis sûre!
Un renard est entré chez moi ( viens pas me demander comment il est arrivé au 4ème étage, ni par où il est passé, hein! parce que là, je ne me pose même pas la question!)

La peur est trop forte!
Cette bestiole va aller dans la chambre où dort la petite et la mordre.
Je dois faire quelque chose!

Alors je me lève, genoux mous.
Mon coeur bat si fort que le fin coton de ma chemise se soulève au rythme des coups brutaux qui agitent ma poitrine.
Il va falloir passer le sas... la bestiole risque, en me voyant, de s'affoler et de devenir plus dangereuse sous l'effet de la peur.
Je dois donc, avant, mettre ma fille en sécurité.
Pieds nus, jambes flageolantes, je traverse le plus silencieusement possible le palier laissé volontairement dans le noir.

J'ai peur.
Mon coeur tape jusque dans ma tête.
Je ne respire que par à-coups...

Tchik...tchik...
Le bruit s'est arrêté.
La bête s'apprête à bondir, c'est sûr!

Au moment où je pose ma main sur la poignée de la porte tchiktchiktchiktchik.... tchiktchik..... tchiktchiktchiktchik....!

Mes genoux ont lâché, mon coeur a explosé dans ma tête......................
Je respire à nouveau normalement, là, assise parterre, devant la porte de la petite.

La petite qui suce son pouce avec ardeur...
Tchik...tchik... tchiktchiktchik.... tchiktchik..... tchiktchiktchiktchik....

Je suis la reine du film noir!

2 commentaires:

Carry a dit…

Ah tiens.... ça me fait penser à une truc sympa dans le même genre vécu dans mes années de baby-sitting.... Comme je te comprends...
Mais tu as été très courageuse d'y aller sans arme,moi, je trouve.
Merci pour ce sourire du dimanche

MamyS a dit…

Ben quelle arme en même temps?... Et contre un renard enragé qui a grimpé jusqu'au 4è étage par la façade (je vois pas comment sinon), je pense qu'il n'y en a aucune: c'est un monstre tueur!