Je profite de ce temps qui m'est gracieusement offert par l'équipe Dos/Cou/Hanches Bloqués et qui me permet de remplir ces lignes.
Il y a quelques jours, c'est un billet des Pitous qui a fait remonter à ma mémoire ce souvenir du tout début de ma carrière.
Fainéante au possible, je n'ai pas cherché dans mes archives pour savoir si je l'ai déjà raconté...
Je compte sur un lectorat renouvelé et/ou miséricordieux pour me pardonner cet éventuel doublon.
Cependant, le cas échéant, il faudra admettre que cette histoire restera dans les annales de ma carrière.
Premier poste, 1998.
Un petit collège de campagne en "Amiénie", pour reprendre les mots des Pitous, où j'arrive la même année que le nouveau principal.
A cause de sa manie de se frotter les mains comme s'il les lavait inconsciemment et perpétuellement, il reçut en un rien de temps le sobriquet de "Curé".
Or, Le Curé avait un problème que nous ne découvrîmes qu'au bout de quelques mois et grâce à cette anecdote.
A l'époque j'avais pour habitude de faire, une fois par semaine, quel que soit le niveau, un jour par semaine, le quart d'heure vocabulaire rare.
Il s'agissait d'enrichir la langue de mes petits Picards en leur fournissant des mots peu utilisés ou difficiles à placer dans la conversation.
Juste pour le plaisir.
Cette fois-là, je choisis de leur proposer des mots comme "noctambule".
A eux de faire une famille de mots.
Que je finis par enrichir avec un mot rare:
Nyctalope.
Evidemment, gros fou-rire!
J'explique, reprenant un slogan publicitaire pour une boisson non alcoolisée, que ce mot à la couleur de l'insulte, le goût de l'insulte mais que ce n'est pas une insulte.
J'ajoute que dans sa famille on trouve également "nycthémère".
Je donne évidemment sa définition.
Je te laisse imaginer la délectation des gnomes!
Puis je reviens à mon cours ordinaire.
Quelques semaines passent jusqu'à ce qu'un midi Le Curé me demande de venir le voir dans son bureau.
L'entretien qui suivra sera étonnant, pour le moins!
En effet, il me reproche d'avoir mis dans la bouche des élèves des mots grossiers; il est très déçu (et paternaliste); pensait pouvoir me faire confiance; comment un prof de lettres pouvait-il faire ça?
Je ne comprenais pas de quoi il parlait.
Jamais je ne dis un mot grossier en classe (je me lâche parfois chez moi!).
Alors j'insistais: de quels mots parlait-on?
Je trouvais un peu facile de dire des mots orduriers puis d'affirmer que c'était moi qui les leur avais appris!
Enfin, en se tordant les mains de douleur d'avoir à prononcer ce mot épouvantable il lâcha entre ses dents et de manière si inaudible que je dus lui faire répéter:
'Nyctalope"...............................................................
Ils lancent sans arrêt, dans la cour, nyctalopes!
Le même événement aujourd'hui me verrait partir dans un grand fou-rire moqueur!
Mais je commençais à enseigner et je parvins à me contrôler, difficilement certes, mais je ne ris pas!
Et je repris mon explication lexicale du mot et de sa famille.....................
Il n'y avait pas que les enfants de Picardie qui manquaient de vocabulaire!!
Et je ris encore quand je repense au discours qu'il fit en fin d'année pour nous remercier de nos efforts pour faire reculer le RCP! (Retard Culturel Picard).................................................................
2 commentaires:
J'ignorais que le RCP, phénomène bien connu pourtant, avait un nom... Dans cette même Amiénie, un chef d'établissement avait organisé une journée contre l'homophonie et attendait nos sujétions. Il était peut-être un peu curé, lui-aussi ;-)
Merci pour la pub et soigne-toi bien!
Ah! Oui! Contre l'homophonie! et vous aviez beaucoup de sujétions???
On rêve parfois.
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