jeudi 13 août 2009

Un peu de sérieux, s'il te plaît!

Je viens de terminer un vieux bouquin.

Vieux à deux titres: il a été écrit il y a déjà un bon bout de temps et je l'ai acheté en 2002. Juillet 2002 précisément. (Certes j'ai bonne mémoire, mais pour plein de raisons, je note sur chaque bouquin la date à laquelle je l'achète.)


Il s'agit de La charrette bleue de Barjavel, récit autobiographique de son enfance.


Pourquoi je parle de ce livre?
Parce que j'ai été étonnée et je vais te dire pourquoi.


Je le répète, je l'ai acheté en 2002. Or, d'habitude, quand j'achète un livre, je le lis aussitôt.
En revanche, si je m'ennuie dans ma lecture, je laisse tomber. (J'applique ainsi un des 10 commandements du lecteur selon Pennac).
Justement, je me suis ennuyée dans une première lecture, au point d'abandonner avant la vingtième page!

Dimanche, le temps se montrant exceptionnellement gris et frais, je suis descendue au bureau chercher de quoi remplir cet après-midi qui promettait d'être vide.
J'ai remonté 2 ouvrages, dont la charrette bleue. (Prévoyant ainsi de passer à l'autre titre si je m'ennuyais à nouveau).


Bonne surprise!
Non seulement je ne me suis pas ennuyée une seconde, mais au contraire, je l'ai dévoré d'une traite.

Et, c'est là que je veux en venir: bien que Barjavel et moi ne soyons pas de la même génération (Hé, ho! Faut pas exagérer! Vieille, certes, mais pas à ce point!), certains souvenirs évoqués par l'auteur, m'ont renvoyée à mes propres souvenirs.


Ainsi son plaisir à baguenauder dans la campagne pour y découvrir des oiseaux au nid, des champignons qu'il rapporte à sa mère ou des ruisseaux cachés dans les herbes, m'a rappelé comme j'aimais, petite fille, me promener avec les mêmes buts.

Nous habitions une vieille bâtisse en ville. Si vieille qu'elle fut déclarée insalubre et que nous fûmes relogés dans un bâtiment aussi neuf que le quartier qui l'entourait.

Notre première salle de bains!
Un couloir crépi en blanc sur lequel, je crois, ma grande soeur s'est égratignée le bras.

Nous accédions alors à la modernité!


Mais, le quartier étant en construction, derrière notre bâtiment, c'était des champs et des bois.

Curieusement, je me rends compte que les jeux des enfants de la génération de Barjavel étaient les mêmes que ceux de ma génération.
Jeux d'extérieur, presque toujours.

Nos mères ne craignaient pas que nous attrapions froid, ou que nous nous égarions.
Elles n'hésitaient pas, pour nous faire rentrer, à se mettre à la fenêtre, criant les prénoms de leurs bambins, signalant ainsi l'heure du repas.


Nous avions le droit d'avoir les mains sales et les genoux couronnés, sans que cela engendre de drame.
Revenir en pleurant parce qu'on était tombé dans les orties ne provoquait rien d'autre que l'application rapide d'une compresse de vinaigre.


Autre souvenir, levé par ma lecture, le pain.


Nous achetons aujourd'hui des baguettes.
Quand j'étais petite, ma mère achetait des" pains de 2".
Je crois que cela signifie "pain de 2 livres" autrement dit pain d'un kilo. Or j'ai la certitude qu'il s'agissait en fait de ce qu'on appelle ici des "parisiens". Longs, pratiques pour y trancher des tartines.
Ma grande soeur aurait préféré qu'à chaque goûter il y eût de la "ficelle", ces baguettes toute menues, presque sans mie.


Je pourrais ainsi prendre chaque souvenir de Barjavel et le comparer aux miens.

Certes il existe de grandes différences.
Il était dans le Sud, j'habitais le grand Ouest...
C'était un garçon et moi une fillette...


Pourtant cette lecture a été comme un révélateur.
Ce n'est pas la première fois que quelque chose m'aide à me souvenir, mais je suis encore étonnée que cette lecture, que j'avais rejetée il y a 7 ans, me plaise autant aujourd'hui.


Enfin, et c'est la question essentielle je pense, les souvenirs affluent-ils parce que je vieillis?

Ma grande soeur, qui me lira j'en suis bien sûre, pourra peut-être enrichir encore ces souvenirs du quartier de Valette.

4 commentaires:

Les Pitous a dit…

Ce qui me marque dans ton article, c'est qu'il faut parfois du temps pour accéder à certains livres, qu'il faut laisser une chance aux bouquins qui n'ont pas trouvé la voix pour nous parler. Je pense en particulier aux Mémoires d'Hadrien, sur lequel je me suis échoué au lycée et que j'ai adoré quelques années après. Si l'on élargit cette expérience à l'enseignement du français dans le secondaire, cela laisse à penser qu'on échoue souvent à faire aimer ce qu'on enseigne, faute d'une certaine maturité chez nos élèves.

MamyS a dit…

Il me faudrait plus que l'espace d'un commentaire, plus qu'un blog même pour te répondre et te dire à quel point je suis d'accord!
Ajoute à ça les livres qu'on relit et dans lesquels on trouve encore de plaisir qu'à la 1ère lecture.... C'est bon de vieillir!

Christiane a dit…

La grande soeur en question se souvient de cette période. Mais notre mère n'était pas toujours très cool (gentil euphémisme !!!)notamment après les courses de chariot. Nous dévalions la route derrière l'immeuble sur un chariot, une planche et des roulettes. Arrivés en bas du chemin, il fallait nous arrêter pour éviter la collision. J'étais chargée de cette opération délicate car notre engin ne comportait pas de frein. C'est donc avec les pieds que j'opérais. Sauf que mes pieds étaient chaussés de tongs neuves ! Résultats : freinage impeccable, tongs neuves trouées et punition précédée d'une bonne engueulade ! Mais c'est un bon souvenir !!!

MamyS a dit…

Un jour j'essaierai de parler de notre mère..... ça va pas être facile, hein!