dimanche 16 décembre 2012

Nous saluerions-nous?

S'il est une chose étrange et terriblement subjective, c'est bien le temps qui passe et comment il passe.
C'est bien connu que le temps passe plus vite pour celui qui va à un rendez-vous tandis qu'il traîne en longueur pour celui qui attend que son rendez-vous arrive.

Tu le sais forcément, lecteur-trice: si tu attends le résultat d'un examen, d'une décision etc, le temps te semble looooong!

Cependant, la remarque qui introduit ce billet n'est pas tout à fait sur ce plan-là.
Et ce billet ne comporte ni tristesse ni regrets.
Juste un constat et une surprise -encore une!

Quand je me regarde dans un miroir  - et je parle bien de me REGARDER, car lorsque je me maquille, je ne me regarde que partiellement: un oeil, puis l'autre; un sourcil et l'autre; la bouche... L'ensemble est VU, pas forcément regardé - donc, quand je me regarde vraiment, je suis toujours étonnée de rencontrer une dame dont je dirais, si je la rencontrais dans la rue, qu'elle est d'âge mûr.

Pourtant, sans le miroir, seulement en pensée - en tête-à-tête avec mes pensées si tu vois ce que je veux dire- je ne me pense pas comme étant cette femme-là.
Je ne pense pas à toutes ces années qui pèsent sur ma bouche, le coin de mes yeux ou mon cou.

Oh! je ne me pense pas dans la vingtaine, non! mais pas non plus dans la cinquantaine.
Et que les choses soient claires: vieillir ne m'embête pas du tout! Les marques de l'âge ne me terrifient pas non plus.
Grande optimiste, je pense que si le temps a eu le temps de griffer mon visage et mon corps, c'est bon signe: c'est que je suis encore vivante!
Or les événements de mon passé me font dire que ça n'était pas prévu.

Bref!
Dans ma tête je me vois et me sens beaucoup plus jeune que je ne suis dans le miroir.

Et pour les autres qu'en est-il?

Ma vie faite de déménagements et de départs multiples, ma négligence peut-être aussi n'ont pas favorisé les liens durables.
Je revois de temps en temps l'un(e) ou l'autre et je constate qu'elle/il vieillit tranquillement.
Mais ceux-là, je les ai connus adultes déjà.

Un jour cependant, dans l'espace virtuel qui est devenu le nôtre, un nom me renvoie trente ans... Trente cinq ans.... Non! Quarante ans en arrière!

Très vite un grand fou-rire partagé a envahi l'espace entre nos claviers.
La question était: "M'aurais-tu reconnu(e)?"

Evidemment non!

Et j'en reviens à ma réflexion première: le temps ne passe pas de manière normal pour tout le monde.

Moi, tu me connais, je n'ai pas changé, ou si peu.... dans ma tête!
Mais toi, quarante ans après... Ben évidemment, tu as pris le temps de vieillir.
Or je t'avais figé dans tes quinze ans!
Comment ça tu as profité de ce temps pour devenir un autre?

Et quoi? Tu trouves aussi que je ne suis plus celle qui avait quatorze ans?
Comme c'est étonnant!
Toi aussi tu ne pouvais me penser que toute fraîche de mes quatorze ans!

Comme c'est cruel aussi: tu avais quinze ans encore hier et d'un seul coup ton visage a pris quarante ans de plus!

Non, je ne suis pas décérébrée! Je sais bien que les gens vieillissent, qu'on soit près d'eux ou pas!
Je ressens la même chose qu'à mon retour de Mayotte.
Pendant mes deux années d'absence, la vie, la ville, les gens, avaient continué leur chemin.
Sans moi.
Je le savais, mais il était impossible de les penser, de loin, dans leur évolution.

De ces trois années poitevines, il me reste quelques prénoms et des visages lisses d'adolescents.
Claude qui fut mon guide pour découvrir la ville où j'arrivais; Sylvain qui était aussi dans ma classe en 5ème; Larry que j'ai revu une fois quand mon fils avait un an; Odile et ses cheveux si blonds et si fins; Christine qui apprenait la guitare et qui m'expliquait qu'elle avait de beaux genoux; Pierre le prêtre aux chaussettes rouges et Patrick...

Qu'êtes-vous devenus?
Quelle est votre vie aujourd'hui?
Et si, nous promenant dans la même ville, nous nous croisions, nous saluerions-nous?

* Hé! Toi dont je parle et qui te reconnais, puisqu'il te reste une main, tu peux commenter, ça me ferait rudement plaisir!

7 commentaires:

Madame Patate a dit…

Mes spams ne proposent pas de petite pilule bleue mais des montres hors de prix et des robes de mariée ... Que dois-je en penser ?!

MamyS a dit…

J'en pense d'abord que tu ne commentes pas sur le bon billet. Et j'en pense que parmi tes spameurs, se cache un généreux qui veut t'offrir une belle montre pour que tu sois à l'heure au mariage. Il a juste oublié de dire de quel mariage il s'agit!

La vie en presque rose a dit…

La fille qui t'expliquait qu'elle avait de beaux genoux, j'adore !
Je ne sais plus qui a dit que personne n'a envie d'être vieux, mais que personne n'a envie de mourir jeune non plus...
;)

MamyS a dit…

Ouais... ben c'est elle qui m'a filé une sainte horreur de mes genoux!

Carry a dit…

Alors,moi, depuis que j'ai lu ce titre de billet, j'ai la chanson de Barbara (version Jean-Louis Aubert) en tête :
"dis, quand reviendras-tu" ....
Voilà, je voulais que ça soit dit (et ceci dit d'ailleurs, je l'adore cette chanson !!!)

patrick a dit…

comme il ya quarante ans, j'ai(retrouvé) mes deux mains......d'ailleurs nous parlons de quarante ans mais c'est une période que nous ne devrions pas connaitre, puisque comme toi je suis loin d'avoir cinquanteans (et des poussieres), la preuve, je suis encore capable d'aller t'attendre à la sortie du college et chantant "toi, non plus tu n'as pas changé...."

MamyS a dit…

Séducteur! Contente que tu retrouves tes deux mains en état! Et super contente de te retrouver ici. (Un jour, lectrice, je te dirai qui est ce mec!)