mercredi 23 juin 2010

Ça commence!

J'enseigne depuis 1998.
J'ai connu les établissements ruraux, les établissements exotiques, les établissements chauds-bouillants, les collèges qui ronronnent, les lycées qui s'enorgueillissent....

J'ai eu quelque fois des surprises.
La dernière en date: postuler à l'IUFM, revenir sur ma décision, prévenir que je ne me présenterai pas à l'entretien et recevoir un courrier:

Madame,
vous avez postulé pour un poste en demi service à l'IUFM de Nickelcity...
Blablablablablabla
Nous sommes au regret de vous informer que votre candidature n'a pas été retenue."

Oh ben mince alors! Quelle surprise!
Note que si, malgré mon désistement, j'avais reçu un courrier m'informant que j'étais retenue pour le poste, ça m'aurait fait tout drôle!

J'ai changé six fois d'affectation. Mais en réalité j'ai fait plus que six établissements puisqu'à deux reprises j'ai été TZR.
Alors si je compte bien ça fait environ une bonne dizaine de boîtes.

Le croiras-tu? A chaque rentrée j'ai le même problème: morte de trac.
Et quand je dis à chaque rentrée, je devrais préciser: chaque fois que j'arrive devant une nouvelle classe.

Tu sais, le premier cours. Le moment où vingt à vingt cinq paires d'yeux, dans le couloir te fixent.
Tu dois leur dire d'entrer, de s'assoir. Ils agissent sans te quitter des yeux.
Ils te jaugent, te jugent.
Ils attendent d'entendre ta voix quand tu parleras pour dire autre chose que "bonjour" ou "asseyez-vous".
Ils guettent tes mimiques, tes tics de langage, tes tics tout court....

A ce moment-là, juste quelques secondes, je te jure, Merlin apparaît et me dit: "allez rentre chez toi!" je prends mes cliques et mes claques, mes tics et mes tocs et je me barre!!

Dans le Grand Nord, j'étais dresseuse de tigres sauvages. J'avais trente secondes et demi pour juguler la horde assise face à moi.

Ça marque. Ça laisse des traces.

Au point qu'ici, sans doute l'ai-je déjà raconté, lors de mon premier remplacement, quand, à une question posée, j'ai vu une armée de bras se lever, index tendus, j'ai sursauté. Quelques semaines après à Reviens-y, alors qu'un adulte, après avoir frappé à la porte est entré dans ma salle, quand mes vingt-quatre loulous se sont levés, tous ensemble, en un seul raclement de chaise, je me suis retrouvée dos collé au tableau dans un mouvement incontrôlé de peur....

Pas habituée du tout à ces manifestations somme toute absolument normales.

Alors quand j'apprends que je suis nommée dans un collège "normal" avec des classes "normales", deux mois avant, j'ai l'estomac qui s'entraîne au trempoline, la gorge qui joue à "respire si tu peux!", les mains moites et (ça rappellera des souvenirs à une amiènoise) les doigts mous.
Et ce n'est pas la réplique de Sarah Bernard qui me rassurera!*

Oui, je sais: ce n'est que pour dans deux mois.
Mais si tu me suis depuis le premier blog, tu sais que j'anticipe beaucoup.

J'aime'core bien me rendre malade par avance!

*A une jeune comédienne qui affirmait qu'elle n'avait jamais le trac, elle répliqua "Ne vous inquiétez pas, ça viendra avec le talent!"

4 commentaires:

Daydreamer a dit…

je comprends tout à fait ton stress: c'est un peu comme si mes gosses se mettaient à ranger spontanément et à nettoyer derrière eux... (j'appellerais un exorciste, je crois)

MamyS a dit…

La comparaison me fait bien rire, mais oui, c'est à peu près ça!

zora a dit…

et puis, 24 paires d'yeux, faut en profiter, hein ! Dans pas longtemps, toutes les classes seront à 36 ! youhou... même les fauves...

MamyS a dit…

Que j'aime ton optimisme! ^^ 36 paires d'yeux dans des classes du genre de celles du Grand Nord ce sera vraiment rockn'roll! :(