dimanche 28 octobre 2012

Le meilleur conducteur du monde!

Tu as vu comme on est passé sans transition aucune de l'été (dimanche dernier avec la fête des voisins) à l'hiver?
Certes, les petits matins se faisaient plus frais.
Bien sûr j'avais racheté quelques paires de collants.
Cependant rien ne m'avait préparé à ce que j'ai vécu hier.

Un oncle du Héros fêtait son départ à la retraite et nous étions conviés au pot qu'il offrait à la famille, aux amis, aux collègues.
En 48 ans de service, on a le temps d'accumuler les souvenirs et les relations...

L'idée ne m'enchantait guère.
En effet nous avions environ trois heures et trente minutes de trajet à prévoir à l'aller et, bien sûr, autant au retour.
Sept heures de voiture pour un pot de départ, aussi bien organisé soit-il, c'est un peu beaucoup à mon avis.
Mais le Héros est très attaché à cet oncle qui est presque un frère pour lui, alors....

A midi, nous avons donc entamé notre mini voyage.
Moins d'une heure plus tard, nous avons commencé à voir quelques flocons de neige virevolter devant le pare-brise.
Nous arrivions alors au point le plus élevé de notre département, soit environ 1200 mètres d'altitude.
Il faisait -2°.

J'ai grimacé. J'ai ronchonné.
Tu penses bien qu'une fin octobre, avec un été qui s'éternise, je n'ai pas encore fait monter les pneus hiver!
C'est prévu, comme tous les ans, pendant les vacances de la Toussaint.
Autrement dit, dans la semaine qui arrive.

Encore une heure de route et de nouveau, les flocons, en rangs serrés....
Grrrrr et beurk!

Mais juste après ces quelques kilomètres un peu pénibles, le soleil brille à nouveau et force est de constater que cette première neige n'a pas tenu sur la route et qu'à aucun moment nous n'avons eu le sentiment d'être en danger.
Nous sommes arrivés à bon port après trois heures vingt de voyage dont une pause café.

Seize heures trente: début des festivités.
Le Héros retrouve à cette occasion des cousins perdus de vue depuis une trentaine d'années.
Embrassades, rigolades...
Pour ce qui est de trinquer, lui comme moi nous contentons de coca (moi) et de jus d'oranges (lui) car nous n'oublions pas qu'il faudra revenir chez nous le soir même.

Dix-neuf heures: on a salué tout le monde et on reprend la route.
Sur l'autoroute, moins d'une heure après notre départ, nous avons droit à une véritable tempête de neige. Devant les phares c'est un mur blanc et mouvant qui fonce sans discontinuer sur nous.
La route reste  praticable. Ça ne glisse pas parce que la neige ne tient pas, sans doute sous l'effet du vent qui la chasse vers les bas-côtés.
On ralentit.
Ça passe.

La lune est pleine et si de gros nuages sont bien visibles, la lune éclaire largement le paysage de sa lumière blanche et froide.
Le Héros plaisante sur ces gros nuages qui nous préservent du brouillard.

Mais au pied de la montagne, la neige recommence à tomber.
Pour atteindre le col où nous sommes passés ce matin, il nous faut grimper une côte impressionnante et très raide qui fait plusieurs kilomètres.
Or ici la neige a dû tomber toute la journée et les voitures sont passées, la tassant.
La température indiquée par l'ordinateur de bord chute très vite: -2, -3... -4°.
Les températures nocturnes en s'effondrant ont transformé la chaussée en patinoire géante.
Déjà deux voitures sont arrêtées en travers de la route, à trois voies à cet endroit, et leur conducteur, sortis de l'habitacle, abandonnent l'idée de faire un mètre de plus.

C'est là que le Héros va faire preuve de tout son calme et de toute sa maîtrise de la conduite d'un véhicule à moteur pris dans les pires conditions atmosphériques.
En première, à vingt kilomètres/heure, il va grimper la côte, évitant les véhicules échoués sur la chaussée ou mal garés sur les côtés.
Il faudra aussi dépasser un camion, incapable de continuer son chemin....
Passage de la seconde, sans à-coups, sans que la voiture dévie d'un millimètre....

Pétrifiées par la peur, je me tais.
La voix tranquille, il me demande une cigarette que j'aurai bien du mal à allumer tant mes mains tremblent.
En lui tendant, je lui fais part de mon angoisse: la montée, ok, ça peut se faire, mais la descente?
En effet, quand nous arriverons au point culminant, il faudra s'attaquer à une descente de plusieurs kilomètres    avec 7% de dénivelé....
Très posément, il me répond qu'il suffit de ne pas faire d'à-coups et ça va aller....
Mes mains sont glacées et mon souffle trahit mon angoisse.

La route continue, à dix à l'heure.
Le village du sommet est traversé doucement.
Mais bon sang! Pourquoi la route n'est-elle pas déneigée? Sablée? Salée?

On entame à peine la descente quand des lueurs bleues et clignotantes nous indiquent que la gendarmerie est là.
En effet, une voiture est dans le fossé et sans doute ses occupants sont-ils blessés car les secours sont déjà là.
Un gendarme nous fait signe que nous pouvons circuler.
Et la descente continue, interminable.
Devant nous, une autre voiture, feux de détresse clignotant désespérément. Comme nous elle avance au pas.

Puis la plaque blanche et lisse qui recouvre le goudron devient friable et sale.
Plus loin, la route est très brillante. Mouillée? Verglacée?
Deux voitures qui nous suivaient gentiment s'élancent et dépassent le convoi que nous formons avec celle qui nous précède.

Enfin le revêtement apparaît sec.
Le héros reste prudent car la neige est bien présente sur les bas-côtés et il craint qu'une plaque glissante ne nous surprenne au moment où il aura relâché son attention.
Nous poursuivons notre route à vitesse réduite, mais plus à dix à l'heure non plus.

Mes mains redeviennent chaudes et ma respiration reprend un rythme normal.

Nous avons mis une heure de plus que ce qui était prévu, et ce n'est que lorsque la voiture est enfin dans le garage que je souffle pour de bon.
Je continue de m'interroger: notre département est habitué à la neige et aux conditions hivernales et, d'habitude, les sableuses et autres déneigeuses entrent en action très vite.
Or il a commencé à neiger ce matin.
Pourquoi la route n'a-t-elle pas été "mise au noir" pour reprendre l'expression technique?

Je veux rendre hommage à mon Héros qui a été un conducteur exemplaire.
Si j'avais été au volant nous n'aurions pas continué ou pas sans dégâts!

Décidément, quand je suis avec lui, c'est certain, il ne peut rien m'arriver!
C'est un Héros, pas de doute!
Et le meilleur conducteur du monde!

6 commentaires:

Mère Lacunaire a dit…

Bravo à ton héros, un comme ça c'est presque vital dans ces circonstances là !

MamyS a dit…

Merci!

La vie en presque rose a dit…

Bravo à lui ! Ca m'a rappelé des souvenirs..

Anonyme a dit…

Wahou ! C'est bien d'avoir un héro sous la main en toute circonstance !

Madame Patate a dit…

Une fois j'ai vécu ça, mais j'étais au volant et toute seule dans la voiture, je te garantis que je n'en menais pas large, et je me suis mise à pleurer en arrivant !!

Bravo pour le Héros aux nerfs d'acier.

MamyS a dit…

Félicitations transmises à l'instant.